OUVRIR UN COMMERCE

Au bureau de l’association, nous sommes souvent appelés par des jeunes passionnés de jeux qui souhaitent ouvrir une boutique de jeux vidéo.

“Afin de faire de notre passion, un métier” disent t-ils.

Souvent ils sont pleins de bonne volonté et d’un optimisme effrayant: “j’ai un concept béton, je vais louer les jeux !” ou encore plus grâve : “une société hyper connue me vend son enseigne et son savoir-faire”. Et les voilà partis ouvrir leur commerce, plan de financement sous le bras, contrat de franchise dans leur mallette, ils s’en vont fièrement affronter Monsieur le banquier.

Après s’être fait gentiment “jetés” de l’honorable institution bancaire, ils nous appellent : “je comprends pas, on a un dossier béton pourtant ! Et en plus X Games, la célèbre société de franchise nous soutient”.

Dans 80 % des cas, les banquiers ne vous prêteront pas un centime si vous ne laissez pas une garantie derrière (hypothèque de la maison des parents ou leurs économies - ne rigolez pas c’est arrivé récemment et je peux vous dire que les parents sont passés du statut de propriétaires au statut de locataires, la banque leur loue leur propre maison )

Au risque d’en dégoûter plus d’un : Si vous n’avez pas une assise financière suffisante (environ 400 000 F) n’ouvrez pas de boutiques ! Les raisons ne manquent pas : 850 boutiques indépendantes en France recensées par nos soins (et elles ne le sont pas toutes) sans compter les autres Score Games, Micromania, Recycle Ware, Fnac, magasins de jouets, vidéoclubs et grandes surfaces.

Si votre ville est libre de concurrents et qu’elle dispose d’une zone de chalandise supérieure à 30 000 habitants, c’est jouable. Sinon laissez tomber !

Le monde des jeux vidéo est un monde de requins, personne ne vous fera de cadeaux. Vos commandes de logiciels sont payables cash (sauf Innelec), les marges sont insuffisantes pour le neuf, des escrocs en tout genre vont essayer de vous refiler un concept bidon, le loyer, la TVA, les charges sociales et les cotisations retraites vont vous rendre exsangue et les clients vont vous prendre la tête parce que la playstation que vous leur avez modifiée n’acceptent pas les Cd pirates. Et pour vous achever, vous apprenez par un client tout sourire qu’un concurrent s’installe à 50 mètres de chez vous.

Bon d’accord le tableau est un peu noir, mais croyez moi, pas si éloigné de la réalité que cela. Que faire alors ? C’est pas tout de nous dégoûter ! Faut nous trouver autre chose disent ils en choeur.

Malheureusement il n’y a pas de recette miracle. L’ouverture d’un commerce est un terrain glissant et il faut y réfléchir à deux fois avant de se lancer. Il faut savoir qu’un tiers des entreprises de ce secteur rencontre des problèmes de trésorerie au bout d’un an d’activité et au bout de deux ans : c’est carrément les deux tiers. Enfin une boutique sur 3 dépose son bilan au bout de 3 ans (ce chiffre est monté à 43% en 1995-année noire des jeux vidéo).

L’idéal pour s’en sortir est de proposer une multitude de services : réparations consoles - vente de matériel informatique - location de cassettes vidéo - salle de jeux en réseau - proposer des accès à Internet - vendre des téléphones portables - etc... Tout cela peut vous paraître un peu fou, mais de plus en plus de magasins se diversifient (Difintel Micro par exemple fait de la téléphonie). Certes cela demande de l’argent mais au moins vous n’êtes plus dépendant d’un seul secteur d’activités.

La solution est là : DIVERSIFICATION. Un de nos adhérents s’est lancé dans la vente de matériel Home Theater (laserdisc pal et ntsc - Dvd importés des usa (en français !) - amplis AC3 ou THX. Et croyez moi, le gredin se fait de l’or en barre ! A tel point qu’il compte arrêter les jeux vidéo. (et nous on se demande si on va pas faire un argus des laserdiscs et dvd) ;-) Toutefois pour les mordus du paddle et les irréductibles de la console, sachez que nous éditons un Guide du Commerçant de jeux vidéo afin de vous éviter bien des déboires.